Chapelle St-Charles

Infos pratiques

16bis rue de La Croix Saint-Simon – 75020 Paris
(accès possible rue d’Avron, par l’entrée de l’hôpital)
Ouverte le dimanche matin pour la messe de 10h

• horaires des messes
• location de salles

Histoire

A proximité de la Porte de Montreuil, le quartier de la Croix-Saint-Simon était en 1900 un ensemble très défavorisé. C’est là que Mademoiselle Marie de Miribel choisit d’habiter et, avec quelques bénévoles, elle multiplia les fondations : dispensaire, colonies de vacances, centre antituberculeux, maternité, bibliothèque, centre de formation et, spécialement, un hôpital sans cesse agrandi avec une école d’infirmières.

En 1914 débuta la construction de la chapelle qui fut inaugurée en 1921.

De style néo-roman, cette chapelle possède entre autres deux belles mosaïques, des copies d’oeuvres byzantines, un Christ espagnol du XVe siècle et une statue de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus du sculpteur Landowsky.

Aujourd’hui, l’oeuvre de Marie de Miribel s’est beaucoup développée, principalement en direction de services sociaux divers, ainsi que de l’enfance handicapée et de l’hospitalisation à domicile. L’hôpital fait maintenant partie d’un ensemble hospitalier propre, qui regroupe tous les services de celui de la Croix Saint Simon et ceux de l’hôpital des Diaconesses de Reuilly (XIIe).

La chapelle dessert le quartier pour la célébration des messes et des autres sacrements, et les salles de la Crypte de la chapelle servent de salles de réunions, de catéchèse, de rencontres de réflexion, pour tous ceux qui habitent dans cette partie excentrée de la paroisse Saint-Germain.

Les activités sont à peu près semblables à celles qui sont proposées à Saint-Germain de Charonne, comme vous pouvez le voir dans le reste du dépliant.

La chapelle Saint-Charles désire être ouverte à tous et forme avec l’ensemble de ceux et celles qui la fréquentent une communauté accueillante et diversifiée.

Pour lire le texte « Un grand coeur – Mademoiselle Marie de Miribel« 

Visite

La chapelle est placée sous le patronage de Saint-Charles Borromée (1538-1584), archevêque et cardinal de Milan en Italie.

Il a contribué de façon très active à la Contre-Réforme, qui eut comme étape fondamentale et doctrinale le Concile de Trente (1545-1563), où il fut présent.

Dans le diocèse de Milan, il instaurera des visites pastorales régulières, il réorganisera les séminaires et l’enseignement du catéchisme.

Pendant la peste de 1576-77 qui frappa tout le Nord de l’Italie, et particulièrement Milan, il visitera sans relâche les pestiférés et leur apportera la communion.

La visite aux malades est une des oeuvres de miséricorde de l’Eglise Romaine. Saint-Charles fut canonisé le 1er février 1610 par Paul V.

Compte-tenu de l’état sanitaire et social du quartier de Charonne, au début du siècle dernier, en 1900, (tuberculose, maladies vénériennes, chômage, misère physique et morale y sévissaient), on comprend bien que le choix de placer la chapelle sous le patronage de Saint-Charles Borromée n’a pas été fait au hasard par Marie de Miribel (1872-1959). Ce n’est pas du au hasard non plus si Charles Borromée voulut garder dans ses armoiries le mot « humilité », alors que sa famille était de haute noblesse.

La chapelle se trouve dans l’enceinte de l’hôpital de la Croix Saint-Simon (maintenant groupe hospitalier Diaconesses-Croix Saint-Simon) et fait partie de la paroisse Saint-Germain de Charonne.

Le prêtre chargé de la chapelle est l’aumônier de l’hôpital, et il est assisté dans ses visites aux malades par une équipe de bénévoles.

Le bâtiment de la chapelle

La première pierre est posée en mai 1914, la construction n’est achevée qu’en 1919, en raison d’un arrêt de 4 ans dû à la 1ère guerre mondiale. La consécration et lieu le 19 juin 1921 en présence du Cardinal Dubois, archevêque de Paris.
La date de consécration est postérieure à celle de l’achèvement, sans doute parce que le décor intérieur n’était pas achevé.

Les architectes Nicod et Lambert font graver sur la façade des dates 1914-19 et leur nom.

Le bâtiment est sur 2 niveaux en retrait de la rue.

Le premier niveau est un soubassement, aec un porche d’entrée à 2 travées, largement éclairé par des grandes baies en demi-cercle ; il est composé de salles de différentes tailles destinées aux activités paroissiales.

Le second niveau est réservé à la chapelle proprement dite. On accède à l’un et à l’autre des niveaux par 2 voies d’escalier qui donnent le recul opportun pour apprécier la construction depuis la rue

Les façades

La façade principale, en sa configuration et son décor, s’inspire des façades romanes du Saintonge et du Haut-Poitou.

A sa droite, s’élève un petit clocher à base octogonale, dont la partie supérieure n’est pas sans rappeler un type d’ouvrages de ces régions nommé : « lanterne des morts ».

D’autre part, dans la partie centrale haute, la façade rappelle celle du Sacré-Coeur, un tabernacle la complète avec une niche vide, dans le cas présent.

Le portail d’accès est assez profond, ce qui permet d’avoir un parvis en hauteur avec le palier d’arrivée des volées d’escalier.

Ce parvis est agrémenté par une trouvaille architecturale, qui a la forme d’un balcon en demi-cercle, s’appuyant par une structure de soutien propre aux échauguettes gothiques des palais et forteresses.

L’espace dégagé est ainsi le lieu de rassemblement et d’échanges des fidèles après les céramonies religieuses.

La façade principale est fortement structurée par 4 contreforts, 3 arcades (l’arcade centrale, la plus ample, est celle du portail d’accès) et des corniches très prononcées au-dessus des arcades, corniches qui suivent aussi les pentes du couronnement du toit. Les arcades latérales n’ont pas de portail, mais des fenêtres rectangulaires.

Le tympan du portail d’accès est décoré de l’image sculptée du Christ en gloire, les mains offertes, dans une auréole en forme d’amande. A sa gauche, se trouve le taureau, attribut de saint Luc, à sa droite le lion, celui de saint Marc.

Dans les tympans des arcades latérales sont représentés, à droite, l’aigle de saint Jean, et, à gauche, l’homme de saint Matthieu. L’ensemble des sculptures est sur un fond de feuillages et rappelle fortement le sytle roman.

Les façades latérales sont agrémentées par des contreforts, et par les riches encadrements des fenêtres de la chapelle, avec des rebords très saillants.

Les fenêtres du soubassement, pareillement en demi-cercle, vont d’un contrefort à l’autre.

L’intérieur

La chapelle compte 3 nefs, comme le suggèrent les 3 arcades de la façade, et ces nefs sont inscrites dans un carré d’environ 20×20 mètres.
Les nefs sont partagées par 5 travées, mais la première et la dernière sont plus étroites et portées par des piliers en forme de croix.

La travée de l’entrée forme comme un narthex (l’espace destiné aux catéchumènes), où se trouvent les fonts baptismaux à gauche. Elle est surmontée par une tribune, destinée à l’harmonium et à la corale à l’origine : elle n’est plus utilisée. On y accède par un escalier en colimaçon dans la base du clocher, qui permet aussi la communication avec les salles du soubassement. Il n’est plus en fonction pour des raisons pratiques d’utilisation.

Semblablement aux piliers de la première travée, se dégage, de ceux de la dernière, une grande arcade en saillie de la voûte de la nef centrale, formant presque un arc triomphal, et symbolisant un espace de respect pour l’abside.

La voûte de la nef centrale est en berceau (demi-cercle), les nefs latérales ont des voûtes en croisée, avec une légère pénétration dans la voûte principale.

La nef centrale se termine par une abside à déambulatoire, solution architecturale surptrenante pour une chapelle, et destinée en principe à des églises de pélerinage. Cela donne de la majesté à l’espace de l’autel principal, auquel on accède par 3 marches.

Un beau crucifix espagnol du 14e siècle est suspendu sur le mur du fond. Il est en bois sculpté et peint.

Les nefs latérales aboutissent à 2 absides circulaires, formant de grandes niches peu profondes, décorées de mosqïques de style paléochrétien, comme les sculptures du devant des autels.

L’autel de droite, où est déposé le Saint-Sacrement, est surmonté de la statue de Notre-Dame de Charonne (une vierge à l’enfant), en bois peint et doré, de style gothique. La mosaïque sur laquelle la statue se détache est plus réussie et riche que celle de l’abside de gauche. Deux séraphins entourent le haut de la niche.

A gauche, la chapelle, dite de Saint-Charles, conserve la statue de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. La sainte est figurée avec les 2 mains ouvertes et tendues, selon le souhaite de Marie de Miribel, qui fait allusion à une de ses prières favorites, exprimée ainsi « Seigneur, si vous voulez donner, par moi, ce qui convient à chacun, remplissez mes mains vides. » La statue est l’oeuvre de Paul Landowski, selon le style propre aux années 1920.

Le geste de Sainte-Thérèse répond à celui du Christ dans le tympan du portail d’accès.

Les statins de chemin de croix sont en émail peint à 3 couleurs et d’une bonne tenue artistique.

Les 2 petites statues, sur des supports qui se dégagent des piliers en forme de croix de la dernière travée, sont, à guache, celle de Sainte-Jeanne d’Arc sur le bûcher, et, à droite, celle de Saint-Louis en habit de croisé.

Le Style du bâtiment

On est face à un bâtiment religieux de style néo-roman et les références au roman ancien se traduisent de façon très libre.

Parler de style néo-byzantin semble erroné. On dévèle plutôt des traces de style paléochrétien, en ce qui concerne les mosaïques et le

s sculptures des autels latéraux.

L’espace intérieur donne une impression d’ampleur, avec sa nef centrale spacieuse, même si la voûte de celle-ci est un peu massive et sans décoration.

Les chapiteaux des colonnes libres ou celles engagées dans les murs latéraux pèchent par manque d’imagination dans leurs décorations schématiques et répétitives.

Néanmoins, l’ensemble de l’intérieur fait preuve de qualité et d’originalité grâce à l’abside à déambulatoire.

Hypothèse d’interprétation du style de l’ensemble de la chapelle

A l’exemple de saint Charles Borromée, Marie de Miribel attribuait une grande importance à l’enseignement du catéchisme (mot qui vient du Grec et qui veut « enseigner de vive voix ») On sait que Marie de Miribel, au début de sa mission, se mit à enseigner le catéchisme et à rencontrer les habitants du uartier, sur un banc de la rue des Pyrénées.

Le catéchisme permet de connaître les éléments de la doctrine chrétienne, et il est la base de la foi des chrétiens, c’est-à-dire de ce qu’ils croient.

Or, les salles de catéchisme, constituant le niveau inférieur de l’édifice, forment la structure sur laquelle repose et s’élève la chapelle, lieu d’Eglise par excellence, vers lequel on monte par les escaliers.

La façade montre le Christ et les symboles des Evangélistes, qui ont transcrit sa parole. Le christ, les mains ouvertes, accueille les fidèles et donne sa grâce. L’abside peut signifier, avec les colonnes du déambulatoire, le rassemblement des fidèles autour de l’Eucharistie.

La situation de la chapelle au milieu du quartier et dans l’enceinte de l’hôpital semble laisser entendre (voir les gestes du Christ et de sainte Thérèse), que ce que nous recevons comme dons, on doit le partager avec nos semblables.

Giancarlo Miletti (septembre 2006)