« Il n’est pas bon que l’homme soit seul. »

A la sortie de la messe dominicale, M… confie : « je vieillirais plus difficilement, si je n’avais pas le soutien régulier de cette communauté… »

D’après le premier récit biblique de ce jour (Genèse2 qui ne se veut pas historique), Adam se vit d’abord seul et entier, mais le Créateur ambitionne beaucoup plus pour lui, pour nous. Dans son sommeil, il lui enlève un morceau de lui-même. Et voilà qu’Adam n’est plus seul, plus entier : il a un visage, Ève, comme vis à vis ; il se découvre incomplet : il lui manque une part de lui-même….

Il ne peut être, sans la présence de l’autre : il ne se suffit plus, il n’est plus une île. Depuis, c’est toute l’humanité qui se sait, qui se sent incomplète. Chacun peut réaliser qu’il est incapable de se donner à lui-même son propre bonheur, que le bonheur se reçoit toujours d’un autre, parce que le bonheur est dans la relation, et non pas dans l’indépendance, au demeurant bien illusoire.

Pourtant, ni l’amitié profonde, ni même la vie de couple ne peuvent suffire à guérir cette plaie au côté, ce sentiment de manque, cette blessure qui peut nous ouvrir à l’infini. C’est la brèche par laquelle Dieu vient nous rejoindre. De son côté ouvert sur la croix, nous pouvons recevoir l’eau qui, seule, saura hydrater notre soif insatiable. (St Jean 07 v 38).

Tentation fréquente d’écarter de nos chemins la mystérieuse altérité de l’autre et du Tout Autre. Se faisant, nous nous priverions de la chance d’élargir la palette de nos perceptions aux horizons d’un autre. Nous faire glaise, nous donner la chance d’être fait l’un par l’autre. C’est passer du « je t’aime parce que … » au « je t’aime sans conditions, je t’aime malgré … ». Passage au réel. Passage pascal.

Père Jean-Louis LANQUETIN +